Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
aérolithe
Archives
aérolithe
14 octobre 2006

Biographie : Léo Ferré, amoureux du lyrisme, de l’amour et de l’anarchie

Ferré est né sous le double signe de poète-musicien pour avoir su lier le lyrisme à l’argot et l’amour à l’anarchie. En remettant aux goûts du jour Baudelaire, Verlaine, Rimbaud et les autres, il s’est imposé comme l’une des figures majeures de la chanson française.

De l'enfance difficile à la vie d'artiste
Léo Charles Albert Antoine Ferré est né le 24 août 1916, à l’abri de la guerre, dans la Principauté de Monaco. Sa mère est couturière, et son père, directeur du personnel de la Société des Bains, qui gère le casino et la moitié de la ville. A l’âge de huit ans, ils inscrivent leur fils comme interne chez les Frères des Ecoles Chrétiennes, dans un collège français de Bordighera en Italie, sa famille étant originaire du pays. Mais Léo supporte mal la discipline rigoriste de ce lieu alors sous l’emprise du régime fasciste. Seules joies pour celui qui se rêve musicien : il joue du piston dans la fanfare et chante de sa voix de soprano dans la chorale. A l’époque, il admire Beethoven, Ravel, Debussy, Bartôk, Mozart et Satie. Après le baccalauréat, son père refuse de l’inscrire au conservatoire de musique. Il monte donc à Paris à l’automne 1935 pour préparer Sciences-Po et une licence en droit. Dans la capitale, il fréquente les Camelots du roi, une organisation d’extrême droite, où il croise un de ses condisciples, François Mitterrand.
Après des allers-retours entre Paris et Monaco, il travaille à Radio Monte-Carlo où il est à la fois speaker, bruiteur et pianiste. Puis il se marie en 1943 avec Odette Schunk et commence à composer des poèmes et à chanter dans des cabarets. Il rencontre alors Charles Trenet et Edith Piaf. Cette dernière lui conseille de se produire à Paris et interprète une de ses chansons, « Les amants de Paris », en 1948. Il effectue ses débuts officiels à la Libération, au cabaret parisien Le Bœuf sur le toit, partageant l’affiche avec les Frères Jacques et le duo Roche-Aznavour. Il chante ensuite aux Assassins, au Quod Libet, à l’Abbaye, à l’Ecluse. Mais il gagne mal sa vie, ce que sa femme ne supporte plus. Ils divorcent en décembre 1950.

Ferré le poète libertaire
De plus en plus, Léo Ferré fréquente les milieux libertaires. C’est là qu’il rencontre Madeleine Rabereau. Celle qui devient sa femme en 1952 prend en charge le destin de l’artiste. Il quitte ses lunettes, coupe ses cheveux, et découvre qu’il a plus de voix en chantant debout sans son piano. La même année, il écrit « La vie d’artiste », un opéra qui met en avant ses talents de compositeur. Quatre ans plus tard, il récidive avec un oratorio sur la "Chanson du mal-aimé" de Guillaume Apollinaire, qu'il crée à l'Opéra de Monte-Carlo. En 1953, Léo Ferré chante en vedette américaine de Joséphine Baker, à l'Olympia. Il signe aussi avec la maison de disques Odéon pour qui il enregistre "Paris Canaille" créée l'année précédente par Catherine Sauvage. Il passe de nouveau à l’Olympia en mars 1955, mais cette fois-ci en vedette, ce qu’il attend depuis dix ans. Il y chante entre autres "l'Homme", "Monsieur William" et "Graine d'Ananar". A la fin de l’année, il enregistre huit nouvelles chansons dont "Pauvre Ruteboeuf", le "Guinche" et "L’amour". Il s'accompagne seul au piano et à l'orgue.
En 1956 sort une véritable profession de foi du poète à travers le recueil "Poètes... vos papiers" dans lequel figurent soixante-dix-sept poèmes, mais aussi des chansons qu'il a déjà chantées et des textes qui l’inspireront toute sa vie. La même année, il écrit également la "Nuit", ballet destiné au chorégraphe Roland Petit et à sa compagnie. Mais l’accueil défavorable des critiques oblige le Théâtre de Paris à retirer le spectacle de son affiche. Avant de quitter la maison de disques Odéon pour rejoindre Barclay, il enregistre en avril 1957 "Les Fleurs du Mal par Léo Ferré", en hommage à Charles Baudelaire. Il mettra également en chansons Apollinaire, Aragon, Rimbaud et Verlaine dans les années 1960 à travers des albums entièrement consacrés aux poètes. Deux ans après un récital à Bobino en 1960, il sort un 33 tours avec les titres "Jolie môme", "Merde à Vauban" et "Paname" qui lui apporte une reconnaissance définitive. Un spectacle à l’Alhambra confirme ce triomphe.

L’été 68
Malgré une étrange absence lors des événements de mai 68, Ferré colle à l’air du temps avec les chansons "Ils ont voté", "La Marseillaise" et "Salut Beatnik !". Entre temps, Il a quitté Madeleine pour Marie-Christine, avec qui il s’installe près de Florence, en Italie. Madeleine choisit donc d’abattre les nombreux animaux qu’ils avaient dans leur château dans le Lot, sans épargner Pépée, le chimpanzé si cher aux yeux de l’artiste. De ce drame découlera l’une des plus belles, mais aussi des plus désespérées de ses chansons, "Pépée".
Début 1969 sort son nouvel album "L’été 68", en référence aux récents événements qu’il raconte dans "Madame la Misère", "Les anarchistes" ou "C’est extra". Ce dernier titre devient même culte en détrônant les Beatles au hit-parade. Léo Ferré retrouve alors sa longue chevelure et lève le poing sur scène à l’occasion de la sortie d’un double album, "Amour Anarchie", considéré par beaucoup comme le summum de son oeuvre discographique, et dans lequel toute une génération se retrouve. En 1970, sort son roman Benoît Misère. La même année, le premier enfant de Ferré, Mathieu, naît en Suisse. Suivront ensuite Marie-Cécile en 1974, puis Manuela en 1978.

Avec le temps
Toujours en phase avec son époque, il commence, inspiré par les Beatles et les Moody Blues, à tourner avec un groupe pop français : Zoo. Il enregistre avec eux "Solitude" en 1971. Il se lance alors dans de grands récitatifs en prose mêlés de désespoir, comme dans « Il n’y a plus rien » et « Et Basta ! » en 1973. 1974 est l’année du superbe « Avec le temps ». Puis il change de maison de disque pour créer son propre label, Editions et Productions Musicales, lui permettant de devenir son propre producteur. Mais Ferré, fervent admirateur de symphonies et d’opéras, n’a pas encore réalisé son rêve. C’est chose faite en 1975, lorsqu’il décide de diriger l’Orchestre symphonique de Milan. En moins de dix ans, il livre quinze albums dont « La violence et l’ennui », « Le bateau ivre » et « L’Opéra du pauvre ».
En 1988, à 72 ans, Léo montre ses premiers signes de faiblesse. Il tombe malade mais reprend quand même la scène. Puis ce sera le disque testament « Les vieux copains » en 1990, suivi, en 1991, de son dernier disque « Une saison en enfer ». Ses concerts sont douloureux: trous de mémoire, jambes lourdes, fatigue... Le corps ne suit plus. Après une opération au Kremlin Bicêtre et une retraite à Castellina en Toscane, Léo Ferré s'éteint le 14 juillet 1993 vers dix heures du matin.

leo

Publicité
Commentaires
aérolithe
Publicité
Publicité